château Bel Air Marquis d'Aligre 2005 margaux
de plus en plus rares sont ce type de flacons dans ma cave et à fortiori sur la table... quand j'entends par "ce type de flacons" lire des vins aussi chers même si ma passion déclinante, j'arrive encore à me laisser tenter de temps à autres...
première curiosité, alors que ce flacon est debout dans la cave électrique depuis son achat voici quelques mois, un dépôt tenace était... sur le bouchon et dans le goulot, obligé d'utiliser un goupillon pour faire l'évacuer et éviter les amers qu'il engendrait...
bouchon imbibé de manière non-linéaire environ au tiers, signe qu'il faisait encore bien son oeuvre, aucune trace de coulure en effet.
le vin présente une couleur grenat assez fortement orangé sur le disque, ce qui représente pour l'amateur de vieux bordeaux, que je fûs, que je suis et serai toujours, plutôt bon signe.
premier nez sur la prune, la fraise des bois, la framboise, mais aussi le poivre les fleurs (pivoine, violette, rose fanée (ou pot pourri si vous préférez) un peu à l'instar de ce qu'on peut quelques fois trouver sur de beaux bourgognes de belle lignée, quelques notes de réglisse et de caramel en rétro-olfactif qui s'estompent à mesure de l'ouverture du flacon, ce qui est bon signe ;)
l'attaque en bouche se fait sur des tanins présents assez cisterciens (un peu du style écorce d'orange) qui peuvent lui donner un côté strict, vous savez du genre la mère tap'dur prof de français qui vous collait une volée quand vous écriviez auxilaire au lieu d'auxiliaire (c'est du vécu), mais en r'goûtant le vin ça s'arrange j'vous rassure
en effet son côté strict se calme franchement non sans l'avoir écouté parler et surtout en lui laissant sa chance, car même si son côté poivre/réglisse sont bien présents, il n'en demeure pas moins que ce vin possède une vraie générosité (largeur et longueur XXXXXXXL)
il lui fallait s'éclaircir sa voix avant de véritablement chanter sa juste mesure.
une petite note de graphite/mine de crayon + des tanins qui s'affinent tout autant qu'ils s'élargissent devenant crayeux, la finesse de ce vin se dessine plus en délicatesse et recherche des arômes que dans un côté floral exubérant, non, non...
il déclare sa flamme à une buvabilité, qui, malgré un barbarisme évident, tient bien son sens, tellement le verre se vide tout en caressant avec insistance l'intellect (les boyaux de la tête ont intérêt à être bien accrochés), mais oui bien c'est bien sûr...
il n'empêche que tout intellectuel qu'il soit, ce vin emplit bien la bouche avec ses tanins certes crayeux mais pas agressifs (marque du millésime ?) et surtout une longueur qui détonne du (montée de) tonnerre de brest, comme le sparadrap du capitaine haddock qui ne le quittera pas si facilement pour les amateurs de BDs du genre ;)
longueur détonnante, finement soutenue par une acidité rafraichissante, des amers tanniques du plus bel effet... n'attendez pas de ce vin l'impression de rouler une galoche à un boul'dogue, mais véritablement une bouteille qu'il faut prendre le temps d'apprécier... ou pas
excellent pour ma part !
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